samedi 4 octobre 2008

Pekka Himanen : La culture de la créativité

"Sommes-nous vivants, ou sommes-nous dans une vidéo ?", me demandait un enfant dans un groupe de philosophie pour enfant, explique le philosophe Pekka Himanen, auteur de L’Ethique hacker. Qu’est-ce qui caractérise la culture de la créativité ? Qu’est-ce qui est derrière le mouvement open source en tant que nouvelle forme d’innovation sur l’internet. Dans l’Ethique Hacker, je me suis posé la question de ce qu’il y avait derrière cette communauté. Pourquoi un garçon de 21 ans construit-il un système d’exploitation sans aide aucune et défie Microsoft, le leader des OS ? Linus Torvald m’a répondu en expliquant que c’était lié aux nouvelles lois de Linus. Pour lui les forces motrices, sont :
  • - la survie

  • - le pouvoir d’enrichir les interactions, c’est-à-dire, la puissance de l’expérience, de combiner les interactions.

  • - la puissance de la passion créatrice.


Les gens développent leur potentiel, se dépassent. Cette action ne vient pas de l’extérieur, mais vous relie à votre source d’énergie, à ce qui a de la signification pour vous. Les interactions créatives s’auto-alimentent. On est à son meilleur moment, sous son meilleur jour, on se réalise à son meilleur potentiel quand ils réalisent leurs motivations. La confiance créé la sécurité à partir de laquelle les gens se retrouvent et peuvent prendre des risques et jouer avec de nouvelles idées. C’est très proche de ce qu’on connait dans la recherche en psychologie. La communauté d’enrichement" permet de favoriser la reconnaissance et l’appartenance. Quant à la créativité, elle favorise l’énergie et le plaisir. Il n’y a pas que l’argent qui est moteur dans la motivation des gens, rappelle avec insistance Pekka Himanen. La confiance, la communauté et la créativité constituent la culture de la créativité. La création = C3.

A quoi ressemble cette communauté Linux ? Pendant longtemps, j’ai essayé de trouver la métaphore visuelle, jusqu’à ce que je déniche cette vidéo d’Ella Fitzgerald et Count Basie lors du festival de Montreux 1979. Dans la musique, on s’encourage à aller plus loin. Dans les communautés open source, c’est la même "émulation" qui fonctionne, autour de l’enthousiasme des uns et des autres, ce qui encourage une boucle d’inspiration et d’enthousiasme. Cette surenchère d’enrichissement dans la création. On est embarqué, on prend le rythme les uns des autres. Reste à savoir si cela nous appauvrit ou nous enrichit par rapport à l’objectif.

Mon prochain livre va parler de l’enrichissement mutuel par les processus d’interaction, justement. Comment nos relations d’apprentissage se sont encouragées pour aller toujours plus loin, de la Grèce ancienne à la Renaissance.

Les réseaux glocaux d’innovation
Aujourd’hui, on se pose des questions sur la nature géographique et politique des réseaux sociaux. Ce qui caractérise ces réseaux d’innovation, c’est leur glocalité, avec des interactions locales et globales. On n’a pas encore transcendé les limites de l’espace et du temps. Carte de la production de contenu global, (Maps with Zook, Himanen, 2007, Global internet content production), montre que la production de contenu est très concentrée. Les USA produisent 50 % du contenu alors que ce n’est que 5 % de la population du monde. Même aux USA, le contenu n’est pas produit partout : il y a des meneurs : Silicon Valley, New York, Chicago... 5 villes qui produisent 20 % des contenus d’internet du monde. Même à New York, cette production est concentrée sur Manhattan. Si vous demandez où est l’internet, maintenant vous le savez. Mais on peut se demander pourquoi l’internet se trouve physiquement quelque part. C’est parce qu’il faut une concentration de personnes créatives et formées, des structures permettant de convertir les idées dans les pratiques (les communautés d’enrichissement) et des structures qui encouragent les gens à se dépasser, à échouer et à réussir.

Et de regarder pareillement les pics économiques du mondes, concentrés sur l’Europe, les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Si on regarde les centres d’innnovations, ils sont très concentrés. La carte des publications scientifique fait apparaître à son tour quasiment les mêmes centres.

Et d’introduire deux concepts de base : l’énergie émotionnelle et le capital culture du sociologue américain XXXX... C’est dans des interactions en face en face qu’on peut créer la plus forte énergie émotionnelle. Si Martin Luther King avait envoyé, I have a dream par e-mail, il n’aurait pas eu la même portée. On a besoin d’avoir l’écho de notre créativité, il faut un espace pour les entendre, pour qu’ils soient plus forts que celles des autres. La Silicon Valley est un exemple d’un lieu ou se manifeste cette double logique, notamment autour de l’université de Stanford. La Silicon Valley est un espace très concentré, même si elle produit des technologies sensées nous libérer des contraintes de l’espace et du temps. Sur quelques kilomètres, les entreprises les plus innovantes sont concentrées : Xerox Parc, HP Labs... Simplement parce que les étudiants ont essaimés leurs sociétés juste à côté de l’université. La Valley concentre 1/3 de la capacité de capital risque américaine. Mais pourquoi est-ce que cela reste ainsi ? La vraie logique repose sur une concentration locale qui libère le capital culture et l’énergie émotionnelle, et s’auto-alimente, vague technologique après vague technologique.

Nous sommes confrontés à des défis fondamentaux, explique Himanen. Peut-on imaginer que les gens entrent en réseau les uns avec les autres autour d’autre chose que les technologies open source ? Comment résoudre les défis politiques, éthiques et sociaux auxquels nous allons être confrontés ?
Pour Himanen, il y a trois grands défis auxquels nous sommes confrontés :
- Clean : s’occuper du changement climatique,
- Care : façonner une société globale 2.0 qui prenne soin des gens.
- Culture : résoudre le problème de la coexistence multicurelle.

Himanen travaille avec le réseau Global Dignity, un réseau de personnes qui réfléchissent à trouver une forme plus digne pour la mondialisation. Comment relier notre potentiel créatif aux plus grands défis économiques et sociaux de notre temps ? A quoi sert notre créativité si elle ne nous aide pas à rendre le monde plus digne ?

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