mardi 6 mai 2008

Colloque web participatif : comprendre le web participatif au travers de l'histoire de PHP

Le colloque "Web participatif : mutation de la communication ?" organisé les 6 et 7 mai à Québec par l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), fait le point d'une série de recherches sur les dimensions sociales, économiques, politiques, éthiques du web participatif. Internet Actu Live rendra compte de certaines des interventions.

En exploitant les technologies comme "médiateurs", à partir notamment de la théorie de l'"acteur réseau" (Latour), Stéphane Couture, de Université du Québec à Montréal, se propose de "déplier les technologies" et de les étudier dans leur histoire, leurs évolutions, en s'intéressant notamment aux controverses et aux moments de rupture.

Couture part de la définition du Web 2.0 par Tim O'Reilly , comme "modèle de conception". Pour O'Reilly, les langages de scripts sont indispensables comme "glus" (duct tape) d'un modèle de conception formé de briques en constante évolution. PHP fait partie de ces langages.

PHP (Personal Home Page) a été créé en 1995 par Rasmus Lerdorf (Groenland) pour mettre en ligne son CV. Deux ans plus tard il est repris par deux israéliens, puis évolue (en logiciel libre) vers PHP3 (PHP Hypertext Preprocessor) en 1998, géré par la compagnie israélienne Zend technologies mais toujours libre.

PHP peut aujourd'hui comme une infrastructure du web participatif. Environ 20 million de sites web utilise PHP, dont l'interpréteur est installé sur un tiers des serveurs web. Wikipedia, Flickr, Friendster, Skyblog, Facebook, utilisent PHP.

PHP est également, en soi, un univers de "contenus généré par les utilisateurs", en l'occurrence ses scripts. SourceForge compte plus de 12 000 projets écrits en PHP. On trouve des milliers d'applications PHP disponibles dans PHPClasses (avec une navigation qui rappelle beaucoup celle de FlickR), Hotscripts.com, codango.com etc.

Enfin, PHP est un motif pour rassembler des acteurs du web participatif. Par exemple, le mouvement GoPHP5 a été lancé en juillet 2007 pour accélérer la migration vers PHP5 (lancé mi-2004 et "optimisé pour le web 2.0" mais toujours pas installé par 80% des serveurs qui restaient à PHP4). La communauté PHP annonce qu'elle abandonne les mises à jour de PHP4, certains grands groupes tels que Drupal, PHPmyadmin, etc. l'adoptent de manière volontariste, soutenus par 200 grands hébergeurs. Bien évidemment un contre-mouvement "StopPHP5" existe aussi… En 8 mois, la campagne est un succès et PHP5 a bien pris le relais de son prédécesseur.

En conclusion, le web participatif a partie lié avec ses artefacts (logiciels, langages, serveurs…), il n'est pas seulement une affaire de pratiques. Et ces artefacts sont eux-mêmes produits dans des réseaux de relations spatiales et temporelles. On a intérêt à les considérer eux aussi comme des "contenus", et donc à s'intéresser, comme pour les contenus, à leur propriété, leur partage, leur accès.

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