mardi 6 mai 2008

Web participatif : mutation de la communication ? - L'intro

Le colloque "Web participatif : mutation de la communication ?" organisé les 6 et 7 mai à Québec par l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST), fait le point d'une série de recherches sur les dimensions sociales, économiques, politiques, éthiques du web participatif. Internet Actu Live rendra compte de certaines des interventions.

Intervenant en ouverture du colloque qu'il a co-organisé avec Florence Millerand, Serge Proulx a décrit sa vision du paysage et des enjeux :

Sommes-nous vraiment dans une mutation de la communication ou bien s'agit-il d'un effet de mode qui sera suivi d'un autre ?

Quoi de neuf ?

Ce qu'il y a de novateur c'est :
  • Que les utilisateurs créent et partagent des contenus sur l'internet.
  • Que des plates-formes offrent des outils facilement utilisables pour le faire.
  • Que se forment des coopérations "faibles" entre les utilisateurs qui ne supposent pas d'intentionnalité collective ni d'appartenance communautaire préalable
  • Business model 2.0

Ce développement s'inscrit dans un contexte économique de développement d'un "capitalisme informationnel" :
  • Informatisation, puis "informationnalisation" (Castells)
  • Globalisation des marchés, qui met sous tension une tendance à l'homogénéisation culturelle (appuyée sur quelques pôles urbains connectés aux réseaux globaux) contre des forces d'affirmation identitaires
  • Emergence de nouvelles industries fondées sur la propriété des codes informationnels (Aigrain)
  • Marchés de l'appariement (et rôle pivot de la publicité)

Trames de questionnement
  • Economique : quels modèles d'affaires ? Economie de l'attention et publicité ciblée
  • Droit : propriété intellectuelle contre liberté de l'information
  • Politique : démocratie participative, délibérative, dialogique – ou pseudo-démocratie d'opinion ?
  • Sociaux : appropriation démocratique et nouvelles fractures ; acquisition égalitaire des compétences culturelles, techniques, politiques…
  • Nécessité de penser une éthique de l'information 2.0 pour la "société en réseaux de savoirs partagés" : une information construite à partir du grand nombre
  • Contrôle de la qualité de l'information
  • Statut et autorité de l'expert
  • Responsabilités juridiques et morales liées à la diffusion
  • Choix techniques relatifs à la conception des systèmes sociotechniques (Lessig)

Mutation de la communication ?
  • Le web participatif participe de la saturation informationnelle : hypermédiatisation et surinformation provoquent une surcharge cognitive, voire une désorientation et un sentiment d'insécurité
  • Une emprise progressive des technologies numériques sur la vie privée et publique des citoyens qui participe à la confusion entre sphères privées et publiques
  • Emergence de médias individuels de masse et en même temps, décentralisation des plates-formes vers des formes P2P
  • La culture de l'écran transforme la culture de l'écrit (R. Chartier) : nouvelle oralité de l'écrit (SMS), place de l'image ?...
  • Les internautes sont-ils fatigués de bloguer, se fatiguent-ils des opinions pour demander des débats fondés sur des informations fiables et argumentées en raison ?
  • Nous sommes face à une injonction à la visibilité : ce que l'on montre sur soi l'emporte sur l'être et le faire ; peur du silence ?

Questions pour un colloque
  • Soumis à une logique marketing, ces modes d'usage pourraient-ils au contraire résonner avec de nouvelles formes de prise de parole et d'engagement citoyen
  • Quel rôle attribuer aux communautés numériques dans les formes coopératives, recours à l'intelligence du grand nombre
  • Pourquoi une éthique de l'information 2.0 est-elle nécessaire ?

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