Intervenant en ouverture du colloque qu'il a co-organisé avec Florence Millerand, Serge Proulx a décrit sa vision du paysage et des enjeux :
Sommes-nous vraiment dans une mutation de la communication ou bien s'agit-il d'un effet de mode qui sera suivi d'un autre ?
Quoi de neuf ?
Ce qu'il y a de novateur c'est :
- Que les utilisateurs créent et partagent des contenus sur l'internet.
- Que des plates-formes offrent des outils facilement utilisables pour le faire.
- Que se forment des coopérations "faibles" entre les utilisateurs qui ne supposent pas d'intentionnalité collective ni d'appartenance communautaire préalable
- Business model 2.0
Ce développement s'inscrit dans un contexte économique de développement d'un "capitalisme informationnel" :
- Informatisation, puis "informationnalisation" (Castells)
- Globalisation des marchés, qui met sous tension une tendance à l'homogénéisation culturelle (appuyée sur quelques pôles urbains connectés aux réseaux globaux) contre des forces d'affirmation identitaires
- Emergence de nouvelles industries fondées sur la propriété des codes informationnels (Aigrain)
- Marchés de l'appariement (et rôle pivot de la publicité)
Trames de questionnement
- Economique : quels modèles d'affaires ? Economie de l'attention et publicité ciblée
- Droit : propriété intellectuelle contre liberté de l'information
- Politique : démocratie participative, délibérative, dialogique – ou pseudo-démocratie d'opinion ?
- Sociaux : appropriation démocratique et nouvelles fractures ; acquisition égalitaire des compétences culturelles, techniques, politiques…
- Nécessité de penser une éthique de l'information 2.0 pour la "société en réseaux de savoirs partagés" : une information construite à partir du grand nombre
- Contrôle de la qualité de l'information
- Statut et autorité de l'expert
- Responsabilités juridiques et morales liées à la diffusion
- Choix techniques relatifs à la conception des systèmes sociotechniques (Lessig)
Mutation de la communication ?
- Le web participatif participe de la saturation informationnelle : hypermédiatisation et surinformation provoquent une surcharge cognitive, voire une désorientation et un sentiment d'insécurité
- Une emprise progressive des technologies numériques sur la vie privée et publique des citoyens qui participe à la confusion entre sphères privées et publiques
- Emergence de médias individuels de masse et en même temps, décentralisation des plates-formes vers des formes P2P
- La culture de l'écran transforme la culture de l'écrit (R. Chartier) : nouvelle oralité de l'écrit (SMS), place de l'image ?...
- Les internautes sont-ils fatigués de bloguer, se fatiguent-ils des opinions pour demander des débats fondés sur des informations fiables et argumentées en raison ?
- Nous sommes face à une injonction à la visibilité : ce que l'on montre sur soi l'emporte sur l'être et le faire ; peur du silence ?
Questions pour un colloque
- Soumis à une logique marketing, ces modes d'usage pourraient-ils au contraire résonner avec de nouvelles formes de prise de parole et d'engagement citoyen
- Quel rôle attribuer aux communautés numériques dans les formes coopératives, recours à l'intelligence du grand nombre
- Pourquoi une éthique de l'information 2.0 est-elle nécessaire ?
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