
Selon son président Daniel Drouet, ce succès repose sur un choix initial : considérer la faible portée du Wi-Fi comme un avantage plutôt qu'un inconvénient et par conséquent, ne pas chercher à couvrir intégralement un territoire, pas même un quartier. Pour son initiateur, le sociologue Michael Lenczner (blog), nourri des écrits de Ray Oldenburg sur les "tiers lieux", il s'agissait d'équiper des lieux où les gens aiment déjà se rassembler ou flâner, des cafés d'abord, mais aussi des bibliothèques, des blanchisseries automatiques, des salons de coiffure…
Ce choix simplifie considérablement la mise en œuvre des réseaux, qui s'appuie sur les propriétaires de ces lieux. Ceux-ci doivent payer 100 $ canadiens (64 euros) pour l'équipement de départ, partager leur connexion haut débit et acquitter une cotisation annuelle de 50 $ (32 euros) ; mais, plus important, ils abritent l'antenne Wi-Fi dans leurs locaux et sont motivés à ce qu'elle fonctionne. Les sommes recueillies sont modestes, mais elles couvrent le coût du matériel. En revanche, les interventions humaines sont toutes bénévoles. La communauté Ile sans fil regroupe environ 200 personnes, dont 20 sont actifs et 8 "hyperactifs".
L'accès aux points Ile sans fil est gratuit. La première fois, on s'inscrit à l'aide d'un pseudonyme et d'une adresse e-mail, pour gagner l'accès à tous les hot-spots Ile sans fil de sa ville. Le but n'est pas de savoir qui utilise le réseau, mais de favoriser les communications entre les utilisateurs et le développement de contenus locaux, attachés au "portail captif" de chaque point d'accès.

Malgré tout, si le modèle de développement d'Ile sans fil est un succès en ce qui concerne l'accès nomade à l'internet, les échanges locaux et communautaires, eux, n'ont pas décollé sur cette plate-forme, reconnaît Daniel Drouet. Les fondateurs ne se découragent pas. Profitant du tout nouveau soutien de la ville de Montréal, qui va leur permettre de financer un plein-temps et demi pour assurer le bon fonctionnement et le déploiement du réseau (un rapport qualité-prix sans équivalent pour une grande ville, à comparer avec le coût du Wi-Fi parcs et jardins de la ville de Paris), ils entendent désormais se consacrer à développer les contenus, les services et les usages "hyperlocaux".
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