Arnaud Belleil de Cecurity.com, partenaire du programme identitésactives.net, présente et picore les travaux de Caroline Lancelot-Miltgen du Groupe de recherche angevin en économie et management de l'université d'Angers (dont nous avions parlé ici), pour en faire un rapport d'étonnement.
Dans la même semaine on entend souvent à la fois ceux qui s'inquiètent de la perte de leur identité que ceux qui s'en moquent. D'abord parce que ce ne sont pas forcément les mêmes populations qui s'exprime bien sûr, ensuite parce que croyances, opinions et pratiques sont différentes.
Alan Westin, chercheur américain, auteur de Pricacy & Freedom, travaille sur les questions de Privacy et a créé une typologie qui distingue :
- les fondementalistes de la privacy : préoccupés par la protection de la vie privée (qui correspond environ à 25 % de sa population d'étude) ;
- les pas concernés par ces questions : ceux qui ne se posent pas la question (environ 20 %);
- et les « privacy-pragmatiques », les négociateurs, les gestionnaires... (plus de 50 % qui négocient au cas par cas).
En travaillant sur les consommateurs internautes français, Caroline Lancelot-Miltgen a cherché à comprendre, elle, l'explication des pratiques : pourquoi on répond ou on ne répond pas à des enquêtes en lignes ?
Elle a développé une typologie en 4 groupes sur la façon dont les individus répondent aux sollicitation en matière de donnée personnelles :
- les réticents, ceux qui ne sont pas enclin à communiquer : 24 %
- les désintéréssés : ceux qui sont enclins à confier leurs données sans se poser de questions : 30 %
- les négociateurs, c'est-à-dire qui confient, acceptent, car la contrepartie est suffisamment intéressante : 25 %
- les bienveillants, c'est-à-dire, la population qui accepte à condition qu'il y ait un minimum de garantie sur la protection des données. 20 %
Les facteurs circonstanciels sont les facteurs les plus explicatif de la réponse ou non réponse : c'est le contexte, la situation (un organisme qu'on connait, la longueur du questionnaire, le fait que ce soit un jeu ou une enquête...). Les facteurs liés au profil sont explicatifs dans une moindre mesure : les gens qui répondent le plus sont d'abord des femmes ;les individus âgés hésitent plus à répondre que les plus jeunes ; plus on a un revenu élevé et un niveau d'étude élevé et moins on communique de données personnelles (mais cette « vérité » est peut-être moins juste quand il s'agit de se vendre soi-même dans les réseaux sociaux par exemple).
Autre picorage qui intéresse Arnaud Belleil dans cette étude : le mensonge ! Si on peut encore plus douter de la sincérité des réponses à cette question, force est de constater que la pratique du mensonge est minoritaire (15 %) sans être marginal. Cette question du mensonge pose la question de la qualité des données qu'évoque Daniel Kaplan. Il y a pour Arnaud Belleil certainement une question à poser sur l'éditorialisation des données personnelles, c'est-à-dire la façon dont on les met en scène. Comment triche-t-on pour être mieux noté par les données de scoring qui permettent d'obtenir un taux de prêt plus intéressant (en mentant sur la durée de son mariage par exemple) ou de présentation de son CV. On ment assurément différemment selon le contexte et à qui on s'adresse.
Oui, rebondit Dominique Cardon. Si la production des données a une volonté relationnelle, elle est forcément éditorialisée. Sur les sites de rencontres américain – comme l'évoquait récemment Geneviève Bell à Lift -, les femmes mentent sur leur poids, car elles espèrent atteindre ce poids lors de la rencontre qu'elles projettent. "On associe nos activités à un projet de vie !" L'identité numérique est d'abord ce qu'on projette de soi.
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