jeudi 21 février 2008

Le symbole Vélib, un transport public individuel dont la valeur se construit avec ses utilisateurs



Isabelle Mari, de JC Decaux et Bruno Marzloff de Chronos ont décidé de ne pas commencer cette journée par le numérique. Avec Velib, Velov et leurs déclinaisons, le vélo a connu un miracle, disent les observateurs. Mais pourquoi est-ce du 2.0 ? Parce qu'on y retrouve une composante du web 2.0, qui est l'implication de l'usager lui-même (c'est ce qui explique une grande part du succès). Pour Isabelle Mari, les premières enquêtes montraient surtout les freins mais peu les bénéfices que pouvaient en tirer les utilisateurs. Ce n'est pas tant le vélo qui a été la clé, mais le collectif individuel qu'il révèle. L'offre a révélé une demande latente, alors que les citadins ne se projetaient pas dans l'objet ni dans le vélo au quotidien. Depuis le lancement, la rapidité de l'appropriation du vélo en libre service a été assez étonnante. Au-delà du succès quantitatif, les usagers se sont investis considérablement dans l'objet, comme le montre le tag velib sur FlickR, premier témoignage de cette appropriation. On voit émerger plein d'images, de vidéos de cette appropriation affective, qui ne tient pas tant à Vélib que dans sa dimension collective. JC Decaux constate aujourd'hui qu'il y a surtout des pratiques occasionnelles. Il y a une dimension de liberté, de « zéro contrainte », très forte.

L'autoLib, des voitures partagées, connaitront-elles le même succès, s'interroge Bruno Marzloff. Decaux, est-il devenu un opérateur de mobilité à part entière ? Comment se fait-il que pour continuer à faire son métier d'intermédiation publicitaire à celui d'opérateur de mobilité ? Mais Decaux n'est pas le seul, la Macif, s'est récemment positionné sur la voiture partagée.

Pour Isabelle Mari, cela répond à une demande très forte du citadin de retrouver dans la ville la fluidité d'information avec laquelle il joue tous les jours. Le besoin d'une suite servicielle continue s'affirme.Dans 10 ans, nous ferons peut-être des centaines d'autres services.

Luc Gwiazdzinski : d'où vont venir les nouveaux concurrents, des glaciers et des barraques à frites ? Pourquoi aujourd'hui, un attracteur étrange fait-il le succès du vélo ?

Pour Isabelle Mari, 800 000 objets physiques font un réseau. Pour assurer la mobilité dans la ville, il faut un réseau physique. Pas sûr que les barraques à frites ou les glaciers arrivent à monter le réseau nécessaire pour être l'infrastructure de cette mobilité.

Pour Bruno Marzloff : Decaux est passé du réseau d'affichage au maillage des stations de Vélib, qui rappelle les réseaux du web 2.0 et notamment les réseaux sociaux. L'innovation n'est-elle pas autour de ce 2.0, de cette toile en partage, dont on trouve des analogies dans la ville ? Pour Isabelle Mari, les gens qui sont sur le web, lorsqu'ils communiquent achètent de l'affichage pour apparaître en vrai dans la ville. Le réseau social sur l'internet a besoin d'apparaître dans la ville. Jean-Louis Missika fait une comparaison entre la musique et la ville : le téléchargement de musique a survalorisé le spectacle vivant. Il dit qu'il risque de se passer la même chose dans la ville : les services à la mobilité vont devenir une commodité accessible à tous qui va revaloriser la ville, réenchanter le quotidien. La Ville 2.0 est-elle le lieu d'épanouissement du web 2.0 ? Allez savoir !

Aucun commentaire: