Comme sur l'internet, l'innovation est désormais multiformes, multiacteurs et inclut aussi les citadins nous explique Daniel Kaplan. Le web 2.0 n'a pas été pensé comme le passage d'une version à une autre, mais comme un regard sur des transformations qui ont eu cours, non pas comme innovations techniques, mais de nouveaux modes de production des services. Les utilisateurs créent la valeur et les personnalisent en réseau. L'innovation, c'est de produire du neuf en réponse à des attentes individuelles. Il y a de nouveaux objectifs urbains, comme le développement durable qui nécessitent de nouvelles approches. A côté des démarches collectives, il y a des démarches plus individuelles ou micro-collectives (des coopérations faibles pourrait-on dire). La ville a besoin d'innover, même si elle a toujours été un lieu d'innovation. Elle a besoin de s'intéresser aux nouveaux modes d'innovation, tels qu'on les voit émerger dans l'internet, et voire s'ils peuvent s'appliquer aux lourdeurs et aux pesanteurs de la ville. Peut-on faire de la ville, une plateforme d'innovation où il s'essaye sans arrêt des choses avec un risque relativement faible, permettant aux suivants de rajouter de la valeur.
Une plateforme d'innovation ouverte favorise la floraison d'idées neuves (ou pas) et leurs applications, leurs expérimentations. Permettre d'agencer les services différemment selon les particularités. C'est aussi une ville ouverte au détournements, à l'intervention des utilisateurs (cf. signe urbain de la selle retournée sur les Vélib pour montrer les vélos cassés).
On reconnaît une ville comme plateforme ouverte à 6 caractéristiques :
- des briques d'informations accessibles
- des infrastructures de services qui permettent de rendre accessibles ces services
- un espace public accessible, malléable
- une place active pour l'usager
- des dispositifs de beta-test
- une gouvernance et une régulation simple et clair.
Pour cela, il faut réfléchir et élaborer 3 conditions de succès :
- le partage des données
- des infrastrctures mutualisées
- et l'implication des usagers.
Comment pourrait-on imaginer l'AutoLib, cette voiture en partage, dans le Paris 2.0 ? Pour Stéphane Distinguin, pdg de FaberNovel, il faut réussir l'interopérabilité de la plateforme AutoLib. Il faut permettre la portabilité des données pour que les utilisateurs puissent partager leurs profils, leurs besoins. Enfin, c'est une maturité des technologies (Navigo par exemple) qui permettent de déclencher des cycles d'innovation de plus en plus courts. AutoLib ne doit pas être Vélib, car il doit servir pas seulement Paris, mais penser dès à présent l'essaimage du service en banlieue. On pourrait imaginer des systèmes de Miles, qui récompenseraient ceux qui utilisent ces systèmes : prix moins chers pour le week-end, promotion sur d'autres moyens de transports afin de favoriser la multimodalité demandées par les usagers. Sur Goloco, chacun peut proposer son propre réseau de transport aux autres. On a la possibilité d'imaginer donc des suggestions de trajets, d'imaginer le développement d'un écosystème permettant la personnalisation... Reste à comprendre qui gère une telle plateforme ? Qui peut en être l'opérateur ? Plus qu'une délégation, on a besoin d'avoir une autorité de régulation de contrôle suggère Stéphane Distinguin... Est-ce un service public ? Comment cela peut-il être ouvert à l'entrepreneuriat ? La question reste ouverte.
Jacques-François Marchandise de la Fing, rebondit : A priori, la plateforme d'innovation ouverte est impossible mais incontournable. Impossible, car ça n'a jamais été la culture d'aucun acteur public de fonctionner ainsi et que cela peut étouffer toute initiative. Mais c'est incontournable, car à ne pas travailler sur les cadres de l'innovation, on risque des expériences d'usages décevantes, des innovations isolées, en tâche de léopard... Doit-on passer par le 12 ou par les 118 ? L'opérateur public doit-il continuer de tout faire tout seul ou se débarrasser de ses services comme il le fait trop souvent ?
Dans Proximités (explications), le guide géolocalisé des services de proximité initié par la Caisse des Depôts, on se pose la question de savoir comment on géolocalise des structures sur un territoire ? Ces données existent mais sont disséminées. Comment les collecter et les mettre à jour ? Si on veut géolocaliser les services publics sur une carte, on peut laisser faire les acteurs privés (pages jaunes, google), au risque d'abdiquer tout rôle de structuration pour l'acteur public. Aujourd'hui, la logique de plateforme ouverte suppose que tout le monde est gentil, que l'acteur public sait imposer ses actions... Pas si sûr, suggère Jacques-François Marchandise. Or l'acteur public est là pour fixer des règles et éviter les rapports de forces pur et simples.
Que manque-t-il pour que ça fonctionne, quand aujourd'hui, pour filer la comparaison, un acteur privé ne peut pas entrer des informations dans Proximités par exemple ? Les acteurs publics doivent trouver souhaitable le fait de travailler avec des acteurs privés et mettre au point sur des cadres structurants, des référentiels, de l'interopérabilité dans les services et les informations, explique Jacques-François Marchandise. Que l'appel à contribuer soit clair et motivant : qu'on assure que ces plateformes ne changeront pas de règles de fonctionnement demain (contrairement à bien des services 2.0). Et que l'acteur public ne soit pas dans une logique de l'offre, mais soit du côté de l'habitant, de l'usager. Aujourd'hui, l'expérience de l'usager a tendance à être désastreuse, comme c'est le cas avec les dizaines de plateformes 2.0 où il faut s'identifier de multiples manières, dans des formats pas toujours interopérables entre eux.
Dans une logique de plateforme ouverte, comment je fais la passerelle entre des problématiques de mobilité et des problématiques concrètes (où est la crèche, mon travail, le musée, son heure d'ouverture...). N'oublions pas de garder de l'oxygène, de ne pas croire aux systèmes qui gèrent tout, rappelle enfin Jacques-François. La plateforme ouverte peut aussi finir par être un espace total ! Or l'important est qu'il y ait de l'oxygène, qu'à certains endroits on ne m'appelle pas client !
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