Comme le dit avec admiration – une admiration partagée pour ma part - Lucy Hoobermann, "essayer de bloguer les propos d'Ethan prouve qu'il n'écrit pas seulement plus vite que les autres, mais qu'il peut aussi parler aussi vite qu'il écrit." Difficile d'ordonner des notes forcément parcellaires alors qu'Ethan cite des dizaines d'exemples tout aussi passionnants les uns que les autres.
"Quelle attention portons-nous à l’Afrique ?" Aucune, si nous en croyons la singlante démonstration d’Ethan Zuckerman du Berkman Center for internet and society. Les cartes de l’attention des médias à l’Afrique (exemple 1, 2), comme celles sur lesquelles travaille Ethan, sont depuis longtemps parlantes : nous ne nous intéressons pas à l'Afrique. En s’intéressant à l’historique des requête faites sur Google sur le nom de Madagascar depuis 2004, le seul pic d’audience qui apparaît ne correspond à aucuns des évènements politiques ou à aucune des catastrophes qui ont touché l’île ces dernières années, mais au dessin animé éponyme, qui ne parlait même pas de ce pays pourtant plus peuplé que la Hollande.
En novembre 2005, un journaliste du Malawi Times passe dans un village quand on lui montre un moulin à vent construit par un gamin qui génère de l’électricité en couplant le moulin à vent à un vélo et à une dynamo, générant suffisamment d’électricité pour alimenter la maison de ses parents. L’histoire du jeune William Kamkwamba a été bloguée au Malawi puis reprise par l’excellent AfriGadget, et relayée de blogs en blogs jusqu’à ce que le jeune inventeur soit repéré par la presse internationale et même invité à TED, la célèbre conférence rassemblant les plus grands penseurs et innovateurs de la planète. William Kamkwanba a depuis reçu suffisamment d’argent pour aller dans la meilleure école du Malawi. Toute sa vie a été transformée par le fait que quelqu’un lui a porté attention. De combien d’autres innovateurs de ce type passons-nous à côté ?
Aujourd’hui, la communauté des blogs africains se structure (comme Afromusing ou Afrigadget évoqué ci-dessus, mais vous pouvez aussi consulter la blogroll africaine sur le blog d'Ethan). Si aujourd’hui, c’est encore un blanc qui nous parle de l’Afrique, Ethan espère bien que ce ne sera plus longtemps le cas. Et d’évoquer, parmi de nombreux sites, Ushahidi une plateforme citoyenne d’information née pendant la crise kenyanne de janvier 2008 afin de mieux faire circuler l’information via des cartes et des lignes de temps.
Des outils qui permettent à l’Afrique d’attirer l’attention sur ce qu’il s’y passe. Sur Global Voices, dont Ethan est l’un des fondateurs, on peut écouter la voix de l’Afrique, à côté de celle de tous les autres pays du monde, dans cet agrégateur d’information internationales produites par des blogueurs et journalistes locaux. Ethan évoque également l'importance du développement des classes moyennes en Afrique.
Ethan souligne aussi l’impact du développement du téléphone mobile en Afrique. Le téléphone est devenu un outil de paiement. Les règlements par téléphone mobile représentent 2 % de l’économie de la Zambie. Au Ghana on utilise les cartes téléphoniques comme moyen de paiement. Vous achetez une carte, vous téléphonez à celui qui dans le village a un téléphone, vous lui communiquez le code pour qu’il utilise le crédit de 20 dollars qu’il y a dessus et il donne 19 dollars à votre mère, à votre frère ou à votre soeur resté au village. Comparativement, à Amsterdam, Ethan n’est pas arrivé à payer son taxi avec son mobile.
Nous avons tendance à penser à l’Afrique uniquement sous l’angle de l’assistance, mais ce n’est pas suffisant. L’Afrique a besoin d’infrastructures pour l’énergie, les transports, le téléphone, l’eau... La Chine passe des partenariats avec des pays africains pour y développer des infrastructures. Mais est-ce suffisant ? Et d’évoquer pour conclure un bel exemple de succès, celui de Patrick Awuah qui, après avoir brillamment réussi sa carrière aux Etats-Unis, a décidé de construire un centre d’apprentissage d’excellence au Ghana dont il est originaire, l’Ashesi University College, pour que les Africains aient un avenir en Afrique.
Si l’Afrique est surprenante, c’est juste parce que nous n’y portons pas assez d’attention, conclut Zuckerman. Il vient en tout cas d'en faire une éclatante démonstration.
(Thank’s Lucy for your notes : these were very helpful).
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