Le développement de l'énergie éolienne est limité, un peu partout, par la pollution visuelle que représentent les éoliennes dans les paysages - presque toujours ruraux - dans lesquelles on les installe. Le paysage devient "postmoderne", peuplé de pylônes, d'éoliennes, d'antennes, de capteurs et d'autres équipements techniques - sans parler, naturellement, des routes. Les éoliennes s'imposent aux paysages comme des machines issues de l'ère industrielle.
Il faut repenser la signification de ces turbines dans les paysages, nous explique Hans van Houwelingen. Et les Pays-Bas, pays de moulins, pourraient être mieux placés que d'autres pour imaginer les formes adéquates...
"Pourquoi ne pas faire des éoliennes dont on soit fiers ? Pourquoi s'excuser, chercher en vain à les rendre invisibles, multiplier les règles protectrices plutôt que d'imaginer des formes créatives d'intégration de ces formidables machines dans nos environnements humains ?"
Le point de départ de la démarche de Hans van Houwelingen est qu'en réfléchissant autrement à leurs formes, les éoliennes pourraient sans doute s'intégrer plus aisément dans les villes. Il imagine par exemple des éoliennes de très grande taille qui s'intégreraient dans la "skyline", la ligne d'horizon produite par les gratte-ciels urbains. Dans un parc de loisirs, des éoliennes capables de traduire en couleurs diverses l'énergie produite deviendraient des éléments du décor ludique et permettraient de "sentir" leur fonction de manière sensible. Des bâtiments mixtes, à la fois tours et turbines, pourraient être imaginer. Des villes isolées pourraient marquer leurs entrées d'énormes piliers-éoliennes.
Ou bien on pourrait installer des éoliennes le long des autoroutes, pour rythmer visuellement (et verticalement) leur architecture horizontale.
Autre idée, puisque la campagne n'est plus un lieu de production, certains paysages pourraient être restructurés pour intégrer visuellement les éoliennes, plutôt que l'inverse. Le lien entre l'éolienne et son environnement peut encore s'étendre. Hans van Houwelingen propose par exemple des éoliennes noires installées en bordure de cimetierres, rouges et jaunes et combinées aux panneaux routiers qui annoncent des restaurants rapides...
Il y a aussi d'autres dessins de turbines, adaptés à des circonstances diverses. Mais la réflexion de van Houwelingen porte plutôt sur le sens culturel des turbines. "Quand on conçoit un immeuble, on réfléchit à son intégration urbaine. Apprenons à faire de même avec un équipement aussi utile qu'une turbine éolienne !"
Et pourquoi vous racontons-nous cela ? Parce que cela prend place pendant PICNIC. Et pourquoi parle-t-on de cela à une conférence sur le numérique ? Parce que le durable est au coeur de PICNIC et de beaucoup d'initiatives issues de cette communauté. Parce que l'intégration des systèmes "durables" dans les paysages, dans la vie quotidienne, dans les modèles économiques, dans les relations sociales, est la condition - aujourd'hui sous-estimée - de leur réussite. Enfin, parce que cette présentation s'intègre dans un atelier, le Green City Lab, qui s'intéresse aux FabLabs, aux productions hyperdécentralisées d'équipements et de produits, qui remettent en contact l'innovation numérique "2.0" et la production d'objets physiques, de machines, et même d'énergie...
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