mercredi 10 septembre 2008

Le design inclusif n’empêche pas un niveau de design spécialisé

A Montréal, du 5 au 7 septembre 2008, Carole-Anne Rivière, directrice du programme d'action "Plus longue la vie.net", et Daniel Kaplan, délégué général de la Fing, ont participé à la 9e conférence mondiale sur le vieillissement, autour du thème "vieillissement et design". Ils partagent ici leurs notes à peine retravaillées sur les plus intéressantes interventions de la conférence.


Le design peut certes devenir universel, certains besoins demeurent spécifiques. La salle de bain et les toilettes publiques présentent deux exemple de "discrimination" (ou spécificité) de design pour les plus âgés.

Ernesto Morales, architecte et post doctorant au centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, étudie la salle de bain depuis 10 ans. Il travaille actuellement sur un projet d’innovation et de solutions design de salles de bains.

La salle de bain est devenue à travers l’histoire une pièce de rituel, de préparation, de détente, de divertissement. Elle est aussi une pièce refuge. Le confort, les couleurs chaudes l’habillent. Quand surviennent les incapacités motrices, l’usage de la salle de bains devient pourtant un vrai cauchemar.

Prenant appui sur les solutions fonctionnelles que l’on peut trouver dans les établissements pour personnes âgées (un lave-automatique, un monte personne), Ernesto Morales montre que les innovations existantes pour les personnes âgées sont terribles car elles ne sont pas confortables. Il interroge alors le design comme piste de réponse adoptée et les limites du design inclusif pour répondre à tous. Ce que l’on conçoit pour tous ne fonctionne pas pour tout le monde. La nécessité de réfléchir à des solutions qui puissent accueillir toutes les incapacités ne doit faire oublier un 3e niveau de design spécialisé qui réponde aux besoins de solutions différentes adaptées à la personne singulière et unique. Son projet étant confidentiel nous n’avons malheureusement pas pu voir les solutions qu’il propose. Sa conclusion fait écho à l’interrogation posée par certains d’interroger les choix qui sont faits avec le design inclusif.

Les toilettes publiques constituent un autre exemple de tention autour du design universel, présenté par Jo-Anne Bichard, membre du Royal College of Art et associée à l'ambitieux programme de recherche interdisciplinaire britannique sur les "nouvelles dynamiques du vieillissement". En vieillissant, notre besoin d’aller aux toilettes est plus fréquent sous les effets conjugués des médicaments et du vieillissement des tissus et des organes comme la vessie. Un rapide panorama des toilettes existantes et des innovations dans les espaces publics (toilettes cylindriques sortant du sol, toilettes avec lumière diffuse bleue) au Royaume Uni montre l’inadaptation des toilettes actuelles. Outre les difficultés d’accès, de saleté, de fonctionnalités non adaptés, Jo-Anne Bichard fait le constat d’un univers clivé entre des toilettes conçues pour les handicapés et peu attractives, et des toilettes étroites et inconfortables qui ne conviennent pas aux personnes âgées. Entre les deux, elle propose des axes de design inclusif associant les personnes âgées aux réalisations qui tiennent compte des attentes de confort, de design, des différences d’expériences des toilettes entre les hommes et les femmes. Le projet intégrant un volet d’enquête auprès de 550 personnes prévoit un volet de conception de nouvelles toilettes. A suivre….

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