La visualisation de grands volumes de données était au centre de plusieurs ateliers et présentations de PICNIC. Nous avons raté Ben Cerveny, le gourou de Stamen Design, entreprise dont on recommandera sans réserve le blog. Mais les deux autres intervenants avaient de quoi nous faire réfléchir.
Visualiser pour discuter et agir

La démarche de travail du projet repose sur une méthode originale. Chaque année, un atelier de travail sélectionne 10 idées et les développe pendant 2 semaines au sein d'un groupe de 40 personnes d'origines aussi différentes que possible. Puis certains projets sont poussés jusqu'à des stades plus avancés. Le thème de 2008 est "la ville comme base de données".
A l'origine une méthode destinée à aider les spécialistes à traiter autrement de grands volumes de données, la visualisation est devenue un outil de communication, de production sociale. Ceci a d'abord une valeur en soi, mais cette "conversation" fait aussi émerger des questions nouvelles.
L'atlas de l'espace électromagnétique est ainsi un projet qui associe, sur un premier plan, l'allocation officielle de l'espace des fréquences et sur le second, les interventions artistiques ou militantes qui s'insèrent dans différentes zones de fréquence. Le message est celui d'une réappropriation de l'espace hertzien, considéré come une ressource publique (et menacée).
La visualisation peut également s'utiliser à des fins toutes personnelles. Les réseaux sociaux ou des sites que Twitter, Dopplr (où l'on informe sur ses déplacements) ou Lastfm (musique) "encodent" d'une certaine manière notre relation, nos goûts, notre vie quotidienne, et les rendent analysables par des machines. La visualisation personnelle se propose d'analyser ces informations pour faire retour à la personne et lui proposer de nouvelles interprétations, de nouveaux outils personnels. Mail Garden, imaginé par Kjen Wilkens explore par exemple notre boîte aux lettres pour analyser nos liens avec les autres, décrire l'historique d'une relation avec une personne donnée, etc.


La visualisation transforme-t-elle la connaissance ?
Le Virtual Knowledge Studio d'Amsterdam organisait pendant PICNIC un atelier sur le thème de la visualisation de données. Un blog tente d'en relater le déroulement. L'objectif était d'apprendre à visualiser des connaissances transdisciplinaires, ou encore des enjeux et des dilemmes.
Pour Paul Wouters, le fondateur de l'institut, la visualisation est une affaire de compréhension réciproque. Les données se sont ni le début ni (contrairement à ce qu'affirme par exemple Chris Anderson) la fin de la théorie. Elles sont le résultat de la théorie. L'annotation massive de notre environnement change le paysage, mais pas les questions.
Selon lui, deux questions méritent en revanche d'être posées sur le statut des dispositifs de visualisation fondés sur de grands volumes de données. La connaissance visuelle est-elle un attribut personnel ou la base d'une construction commune ? La visualisation est-elle un simple instrument pour analyser des informations, ou acquiert-elle en propre une valeur de connaissance ? Peut-on par exemple visualiser, non les données, mais ce qu'on a appris de l'interaction avec ces données ?
Réponses, on l'espère, sur le site de l'institut ou dans le compte-rendu de l'atelier, auquel nous n'avons pas pu participer.
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