mercredi 24 septembre 2008

Charles Leadbeater : créer les conditions de la créativité de masse

En direct de PicNic, la conférence hollandaise sur la créativité et l’innovation dans les nouvelles technologies.

On ne présente plus le penseur Charles Leadbeater, conseiller de Tony Blair, l’ex-premier ministre britannique, et auteur de We Think, l’innovation de masse, qui ouvre la 3e édition de PicNic, en revenant sur la puissance de la collaboration (cf. "Où sont les coopérations fortes").

Pour lui, la nouvelle dynamique de la créativité et de l’innovation en ligne a d’abord un impact social, plus que technologique ou économique. "On ne présente plus la qualité de la créativité sur le web", explique Leadbeater en nous projettant une vidéo de 5 minutes d’un gamin qui joue excellemment de la guitare, vue par 49 millions de personnes. Des gamins comme celui-ci peuvent aujourd’hui créer, montrer ce qu’ils font et toucher un public inimaginable. Le monde des médias est fait de frontières, qui délimitent des modèles d’affaires, des publics. Selon lui, les frontières entre ces mondes vont disparaitre, comme le montre ces vidéos accessibles partout et par tous.

Mais comment faire pour créer des choses ensemble, qui aille au-delà des bulles de créativité individuelles que nous sommes capable de lancer sur le net ? Comment créer des choses plus complexes, ensemble ? Ne plus seulement participer, mais collaborer ? Comment utiliser ces nouvelles formes de collaboration pour créer, pour jouer, pour apprendre, pour faire du développement durable, pour soigner ?

Ces nouvelles formes d’organisation interrogent les anciennes. La plupart des formes de créativité ne sont pas individuelles, mais collaboratives. On créé parce qu’on intègre, mixe et developpe de nouvelles idées à partir d’anciennes.

Pour passer aux formes collaboratives, selon lui, il faut quatre conditions :
1.Besoin de diversité. Il faut de la collaboration entre des gens qui pensent différement, qui ont des points de vue différents. La diversité est la clef.
2.Faire que les gens contribuent. Offrir des outils simples pour développer et faciliter la contribution, à la manière du Wiki de Wikipédia. Ces activités ont besoin d’être conçues pour être partagées et ont besoin d’avoir des interfaces adaptées.
3.Il faut créer des buts communs et aussi des buts pour chacun. Trouver des moyens pour impliquer les gens dans le projet, ensemble. Créer des buts et un sens qui les rassemble. Créer des "communs" qui les attire.
4.Il faut enfin inclure des instructions, que les gens puissent moduler des instructions, organiser leurs contributions, avec des règles claires.

Pour éviter le danger de l’uniformité et du consensus et trouver une voie plus créative et collaborative, il faut en créer les conditions, martèle l’expert britannique. Et de s’enhousiasmer des pratiques des jeunes scientifiques - qui partagent et jouent des données, utilisent les outils d’aujourd’hui pour collaborer - qui donnent un aperçu de ce que sera le futur. "La création collaborative est plus intense et continue qu’avant", lance-t-il.

Cela implique deux autres règles pour mieux intégrer la collaboration dans les organisations :

- Les organisations faisaient des choses FOR you et maintenant elles vont le faire maintenant TO you.
- Les organisations doivent se poser profondément la question de comment travailler et apprendre avec les autres. Que ce soit dans les domaines de la médecine, de la politique, de l’enseignement, il faut penser ce que nous faisons avec les autres.

Pour lui, l’internet nous permet de créer des conditions et des façons de travailler plus créatives, plus innovantes. En tout cas, l’opportunité est là. Peut-on changer les choses avec l’internet ? Et de citer une réponse de Tim Berners Lee qu’on interrogeait sur cette masse de transformations sociales dont internet nous submerge : "Le danger n’est pas d’en demander trop à l’internet, le danger est de n’en demander pas assez."

1 commentaire:

Hugobiwan Zolnir a dit…

Passionnant !
Merci pour le compte-rendu :)